Ce week end, alors que j'étais au volant d'une magnifique voiture de location (mouais) et que les kilomètres s'égrainaient doucement, avec une nonchalance qui pousse au sommeil, j'ai réalisé que je ne vous avais pas encore parlé de ça: la route!
C'est long...
C'était la deuxième fois ce week end que je faisais un nombre respectable de bornes en voiture (j'ai pas compté, mais 1000 au bas mot je dirais). D'où une première remarque, super originale: l'échelle de ce pays n'a absolument rien mais rien à voir avec la France :) (pas mal hein, il m'a fallu 200 bornes pour y repenser). Car je suis allé la porte à côté, non vraiment :) Le Samedi soir, on était à la recherche d'un resto, et entre chaque bled il y avait au moins 30 minutes de tuturre sur des départementales (enfin leur équivalent), hallucinant (et tous les restos fermaient leur cuisine à 20h, mais ça c'est une autre histoire).
Les histoires d'échelles, ça n'est que la deuxième pensée qui me soit venue. La première, qui s'impose à toi dès les premières 50 bornes, c'est que "Bon Dieu, qu'est-ce que c'est chiant!" (je suis presque désolé pour le blasphème :). Ben oui, c'est d'un ennui mortel cette route. La plupart du temps c'est bien droit (normal, il n'y a pas de montagnes ni de collines à contourner), avec des arbres tout autour donc tu ne vois rien (enfin si, en ce moment tu vois des arbres rouges et or à perte de vue, c'est magnifique ... mais il faut reconnaître que 800 bornes d'arbres, jolis ou pas, c'est chiant). Quand tu as de la chance, la route longe un fleuve (comme par exemple pour aller à Québec), et donc tu as des choses à voir... mais là, on se serrait cru dans les Landes (pardon, amis landais), mais des Landes qui s'étendraient sur des milliers de kilomètres (l'angoisse!). Autant dire que pour une fois je surveillais la jauge d'essence et la fréquence d'apparition des stations services, histoire de ne pas bêtement loser.
Lucky Luke, mon héros
Et d'ailleurs, toujours au rayon "Ce pays, que il est grand", vous vous souvenez Lucky Luke? Aller, avouez que vous préfériez lire cette BD plutôt que Le Monde diplo (ben oui, c'est plus marrant quoi). Et bien donc, ici, c'est tout pareil. Des fois tu te crois dans le désert, pas une âme (ni une voiture) qui vive pendant une demie heure de route. Et surtout, le truc qui m'a fait rigoler: c'est tout comme dans Lucky Luke, des fois les poteaux de télégraphe ils sont penchés (bon, là c'étaient des poteaux électriques, certes). On s'y croirait vraiment, si le vautour était apparu sur un fil au détour d'un virage, je n'aurais pas tiqué :)
Mais, mais, mais on capte pas!!
Ah oui paske j'ai oublié de vous dire. Figurez-vous que sur ces routes de fou, le portable ça ne passe pas :) C'est balo hein? Je n'y avais pas tellement pensé (un rien neuneu le gars, car à Tadoussac lors du week end aux baleines, c'était pareil). Donc si tu crèves un pneu (ou deux), si tu es à la bourre, si tu as envie d'appeler ton âme soeur, ben il faudra attendre (bon en même temps, j'ai pas d'âme soeur, donc ça tombe plutôt pas si mal).
Au milieu de nulle part
Et puis des fois, en pleine brousse, tu croises une station essence, un magasin de trucs à grignotter, un bar, un resto, un magasin d'objets artisanaux... et tout ça, c'est bien sur un seul magasin, plein à craquer. En route donc, j'ai croisé ce magasin, tenu par un couple aux cheveux gris, la soixantaine. Surement un peu baba cool à une époque. Adorables, bien sur. Je voulais juste prendre un café, ils ont lancé la machine pour moi, et puis j'ai fait le tour du magasin, on a discuté. Ils avaient cet air de ceux qui n'ont même plus besoin de se parler, de se regarder, pour qu'on ressente la tendresse qui les relie. Peut être était-ce une illusion, un songe que j'ai fait entre deux sommeils? A mon retour, je suis repassé dans ce magasin, seule la femme était là, et la magie s'était envolée.
Un vrai Canadien?
Et donc, ce café qu'ils m'avaient préparé a fait de moi un homme, un vrai ! :-D Car ce café, je l'ai bu (ou du moins terminé) à la canadienne: il était servi dans un grand verre en carton, recouvert d'un capuchon en plastique avec un trou. Je l'ai posé à l'emplacement ad hoc devant le levier de vitesses (enfin le machin pour dire "avance" ou "recule"), et parfois en roulant j'en sirotais quelque gorgées. Typiquement canadien :)
L'est, l'ouest, tout ça c'est relatif
Mais bon, quand on a la même relativité que les autres ça aide. Je m'explique. Nous avions donc rendez-vous avec Mag et Jerôme dans le parc de l'Algonquin, à 15 kms de l'entrée Ouest (m'avaient-ils dit). Sauf que, pas de bol, dans ma tête (de pioche) j'avais pensé ma route, mon itinéraire et le temps de parcours par l'entrée Est. Et puis, en arrivant dans le parc et en voyant cet innocent panneau "Entrée Est", je me suis dit "Bon sang, mais c'était pas bien sur, je me suis viandé, quelle buse". Moralité, une heure après celle convenue, je m'engageais sur le parking du rendez-vous. Magalie et Jerôme m'y attendaient, avec une patience d'ange et quelques bons bouquins (merci Terry Pratchet)